À propos de l’École

L’École de psychanalyse Sigmund Freud s’est constituée en mai 1994. Un Annuaire rend public le nom de ceux qui, par leur inscription et leur travail, lui donnent corps.

 

Le signifiant « école » apparaît dans l’histoire du mouvement analytique en 1964 avec la fondation par Jacques Lacan de l’École freudienne de Paris. « Il est à prendre au sens où dans les temps antiques il voulait dire certains lieux de refuge, voire bases d’opération contre ce qui déjà pouvait s’appeler malaise dans la civilisation. À nous en tenir au malaise de la psychanalyse, l’École entend donner son champ non pas seulement à un travail de critique : à l’ouverture du fondement de l’expérience, à la mise en cause du style de vie sur quoi elle débouche. » (Jacques Lacan, « Préambule » de l’« Acte de fondation » de l’E.F.P. ).

Ce signifiant « école » est devenu différent de lui-même, conformément à la loi du signifiant, à partir de la « Proposition du 9 octobre sur le psychanalyste de l’École » et de la mise en place de l’expérience de la passe à l’École freudienne de Paris. Et sans doute est-il devenu encore différent du fait de la dissolution de cette école en 1980.

Le signifiant « école »

L’introduction du signifiant « école » dans le champ psychanalytique répond à un constat : la structure des groupes artificiels (künstliche Massen) dont se constituent ordinairement les collectifs, ne convient pas pour abriter le groupe analytique : leur consistance moïque en exclut toute implication du sujet, et l’un-en-plus (chef visible ou invisible), qui en tant qu’objet commun d’amour fonde et garantit l’existence du groupe, y occulte le savoir dont la cure analytique procède. Freud a montré dans sa Massenpsychologie que le fonctionnement de ces groupes s’apparentait à l’hypnose dont l’abandon lui a ouvert le champ de l’inconscient.

À quelles conditions une association pourrait-elle avoir une autre fonction que d’assistance mutuelle contre le discours analytique ? Quelles structures collectives pourraient ne pas démentir le réel en jeu dans la psychanalyse ? La réponse que constitue l’école désigne ce réel comme le réel d’où se forme l’analyste.

Lacan a proposé deux formations d’école : les cartels et la procédure de la passe. La structure des cartels ne s’oppose en effet pas aux effets de sujet et leur tourbillon permet de tisser entre les membres de l’École des liens de travail qui subvertissent le rapport maître-élèves dont procède le discours universitaire ; le dispositif de la passe permet de nommer les Analystes de l’École, nomination qui, effectuée grâce à un nouage entre trois positions subjectives distinctes (passant, passeurs, jury), est nomination du réel d’où l’analyste opère et non pas nomination à une fonction psychanalytique.

L’École de psychanalyse Sigmund Freud est née trente ans après la fondation de l’École freudienne de Paris. En France, trois écoles sont nées dans les suites de la dissolution de cette première école : l’École de la Cause freudienne, L’École freudienne et l’École lacanienne de psychanalyse. L’École de psychanalyse Sigmund Freud se situe dans un troisième temps.

Il y a du réel dans la passe du psychanalysant au psychanalyste et ce réel est précisément ce qu’une école se donne pour tâche de ne pas démentir dans sa formation. Pour des raisons historiques repérables, ce réel fut, par les deux premières générations d’écoles, spécifié d’un qualificatif : « freudien » ou « lacanien ». Adjectiver un nom propre n’est pas sans effets : le réel dont ce nom n’est qu’un tenant lieu se trouve dès lors revêtu des significations que le qualificatif comporte pour l’école qui s’en désigne.

Nous avons tenté de tirer enseignement des expériences des deux premières générations d’écoles et considérons que, dans le moment de l’histoire du mouvement analytique qui est le nôtre, nous pouvons supporter le réel de l’expérience où sont enracinés les dires de Freud et de Lacan et dont leurs travaux ont fait élaborations théoriques et bout d’écritures ; nous devons donc affronter le réel que le nom de psychanalyse met en jeu, réel qui comme tel ex-siste à toute qualité et signification. Notre école est donc École de psychanalyse qui reconnaît en Sigmund Freud celui qui eut le privilège de découvrir l’inconscient et ses lois, celui par qui la psychanalyse prit nom et entra dans l’histoire.

Aussi bien entendons-nous par là souligner la responsabilité de la psychanalyse devant le malaise d’une civilisation marquée par le discours de la science et ses effets : suture du sujet et dégénérescence de la fonction du nom.

Le lien associatif

N’importe quelle institution du lien associatif ne convient pas pour former une école. En effet, le dispositif de la passe qui en constitue le cœur porte des enjeux institutionnels et n’importe quelle association ne peut en supporter les effets de subversion : soit elle en est détruite, soit elle les rejette. Ayant tiré les conséquences de la Proposition de 1967, de la dissolution de l’École freudienne de Paris, et de nos diverses expériences dans des associations ou écoles issues de cette dissolution, nous faisons l’hypothèse que les modes d’instituer les fonctions de pouvoir et de garantie dans le collectif lui permettent de supporter ou non la subversion produite par la passe.

La prise en compte du réel en jeu dans la passe et de la figure qui vient ordinairement l’occulter – le sujet supposé savoir –, nous a amenés à distinguer dans nos statuts deux lieux d’exercice du pouvoir institutionnel, et deux modalités d’instituer l’autorité dont chacun de ces pouvoirs procède. Ces deux modalités du pouvoir institutionnel – le pouvoir d’administrer le lien associatif et ce qui fait autorité dans le champ de la psychanalyse – sont ordinairement confondues en un même lieu occupé par l’analyste ou le groupe d’analystes qui fut à l’origine de l’association et qui y fait figure de garant. Ainsi se trouve restituée statutairement la figure du sujet supposé savoir dont la destitution est précisément l’enjeu de la fin de la cure psychanalytique. Ce mode d’instituer un lien associatif, qui dément ce qui est attendu de la cure, ne convient donc pas pour former une école de psychanalyse.

L’École de psychanalyse Sigmund Freud se spécifie dans le caractère temporaire des fonctions. L’élection des membres du secrétariat par l’assemblée générale des membres de l’École leur donne autorité pour mener à bien les projets du secrétariat. D’autre part, c’est du réel reconnu dans le témoignage de la procédure de la passe que provient l’autorité des Analystes de l’École nommés par le Collège de la passe. L’associatif et le psychanalytique relevant de places structurales différentes, les membres du Collège ne peuvent siéger à la fois au Collège et au secrétariat. Le président a la charge de représenter l’École et ses principes de fonctionnement, ce qui détermine ses responsabilités institutionnelles. Il est élu par l’assemblée générale des membres de l’Ecole conformément aux statuts. Ainsi la spécificité, la primauté et les limites de l’analytique s’inscrivent-elles dans un lieu propre, à la fois central et décentré dans l’institution.

Nous faisons l’hypothèse que le lien associatif ainsi institué par nos statuts pourra supporter la subversion produite par la passe et que l’analyste qui relève de cette formation sera en mesure de soutenir sa position et les exigences qu’elle impose face aux exigences de la culture qui est la nôtre sans se draper dans une suffisance où il s’égare.

La vie dans l’École

Le cardo est chargé d’accueillir les demandes adressées à l’École.

Le cartel constitue la structure de base du travail dans l’École. Chaque cartel est formé de trois à cinq personnes – quatre étant la plus juste mesure, Plus Une chargée de la sélection, de la discussion et de l’issue à réserver au travail de chacun. Nous reprenons cette définition du cartel donnée par Lacan dans l’« Acte de fondation » de l’E.F.P., et avons dès lors la charge d’en ré-interroger les fondements et les effets.

Chaque cartel se réunit autour d’un texte, d’une question théorique ou clinique ; son temps de fonctionnement est limité pour permettre à ses membres de se séparer et former avec d’autres de nouveaux cartels. Chaque cartel choisit le rythme et les modalités de ses réunions les plus appropriés au travail de chacun.

Des demi-journées centrées autour d’une question de la psychanalyse permettent à chacun de présenter le point où il est dans son travail et les difficultés qu’il y rencontre.

Les séminaires et enseignements offrent un repérage conceptuel permettant de s’orienter dans la théorie et la clinique analytique, un travail de lecture de textes psychanalytiques, une réflexion clinique, des avancées sur les problèmes cruciaux de la psychanalyse, un travail d’élaboration doctrinale. Ils sont des lieux ouverts à la discussion et aux échanges entre les participants.

Les espaces se réunissent autour d’un projet commun ou d’un thème de recherche en rapport avec d’autres disciplines.

Les rencontres, colloques et publications permettent à l’École de faire part de ses travaux à un large public.

Le psychanalyste

Que l’analyste ne s’autorise que de lui-même et de quelques autres est au principe de l’École. Cette autorisation trouve ses coordonnées dans l’analyse, menée à son terme, de l’analyste. Qui fait le pas d’occuper la place de l’analyste interroge les effets de sa pratique dans des contrôles avec les analystes de son choix. L’École a dès lors la responsabilité d’éclairer par quelles chicanes se forme le désir de l’analyste, mais aussi bien ce qui peut, de fait, en interdire la formation. Tel est l’enjeu du dispositif de la passe et de la nomination des A.E.
Le Collège de la passe a la charge d’assurer le fonctionnement du dispositif de la passe et de soutenir un travail de doctrine et d’enseignement. Il reçoit chaque passant, lui fait tirer au sort les deux passeurs qui témoigneront de sa passe, et fait fonctionner un cartel pour chaque passe : quatre membres du Collège tirés au sort s’adjoignent un analyste ou un non analyste au sens précisé par Lacan pour constituer un cartel chargé d’entendre une passe et d’y répondre ou pas par une nomination A.E.
Tout psychanalyste de l’association peut prendre la responsabilité de désigner un passeur parmi ses analysants après en avoir parlé avec un membre du Collège de son choix. Ainsi le Collège de la passe a la responsabilité de faire fonctionner l’expérience de la passe et chaque analyste de l’association est engagé dans cette expérience : que chacun soit susceptible de participer au travail d’un cartel de la passe et soit confronté dans les cures qu’il mène à la question de la désignation des passeurs, permet que la pratique des cures s’en trouve éclairée.

 

Le dispositif de passe est actuellement en cours de discussion dans l’École.

English version

The École de psychanalyse Sigmund Freud is open to anyone, in whatever title, interested in psychoanalysis as invented by Freud and further elaborated by Lacan.

The signifier « school » (école) appeared in the history of the analytical movement in 1964 with the foundation by Jacques Lacan of the École freudienne de Paris. In conformity with the law of the signifier, this signifier school differed from itself from the moment of the « Proposition of October 9th on the School psychoanalyst » and the setting up of the experience of the pass at the École freudienne de Paris. The signifier undoubtedly differed again with the dissolution of this School in 1980.

The École de psychanalyse Sigmund Freud was formed in May 1994, 30 years after the foundation of the École freudienne de Paris. Three Schools developed in France following the dissolution of this first School : the École de la Cause freudienne, the École freudienne and the École lacanienne de psychanalyse.

The École de psychanalyse Sigmund Freud is situated in a third period. From the start, the EPSF chose to resume the experience of the pass. It is this experience which establishes a « school link » (lien d’école) for its members.

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