Laboratoires de pratique psychanalytique

« La clinique psychanalytique doit consister non seulement à interroger l’analyse, mais à interroger les analystes, afin qu’ils rendent compte de ce que leur pratique a de hasardeux, qui justifie Freud d’avoir existé. » (J. Lacan, « Ouverture de la section clinique », Ornicar ?, n° 9). Il s’agit par conséquent, pour chacun des analystes praticiens participant à un laboratoire, d’interroger, avec les autres, sa propre pratique de la cure là où elle se mesure chaque fois à la singularité de la clinique. Ni contrôle, ni exposé savant donc, mais une recherche dont le thème qui oriente chaque laboratoire permet un questionnement théorique.

L’inscription dans les laboratoires implique un réel engagement de chacun à témoigner de l’expérience des cures qu’il mène. Interroger sa pratique, tâcher d’en rendre compte, suppose de remettre en question les points théoriques sur lesquels chacun prend appui ou peut achopper. Ce travail commun peut questionner, singulièrement pour chacun, l’intransmissible de la psychanalyse.

Son mot à dire

Comment et en quoi l’analyste peut-il avoir son mot à dire dans la direction de la cure ?
Un mot à dire, s’il existe, entre dit et dire, prononcé au cœur de la position transférentielle, et qui ne verserait pas pour autant dans la suggestion ni ne relèverait d’une visée interprétative.
Au sein du labo, dont la proposition consiste à « remettre l’analyste sur la sellette »*, chaque participant pourra interroger cette parole qui s’impose parfois à l’analyste, notamment sous la forme d’un dire que non, et tenter d’en repérer les effets dans la cure.

Ce laboratoire est constitué et n’accueille plus de nouveaux membres.

 

* J. Lacan, 1958, La direction de la cure et les principes de son pouvoir, p. 65, Écrits II (1999), 4e éd., Seuil, « Point ».

Dettes et culpabilités

En résonance avec les deux laboratoires menés précédemment avec, peu ou prou, les mêmes membres, nous sommes convenus, à la fin de l’expérience menée autour de la « surface d’inscription », de poursuivre notre travail sur le thème « dettes et culpabilités » – écrits, tous deux au pluriel, dont les signifiants, en langue allemande sont identiques, à savoir « schulden ».
Tous deux pouvant être approchés topologiquement, soit du côté du Réel, soit du Symbolique, soit de l’Imaginaire.
Peut-être est-ce parce que le désir repéré au travers de l’exposé des cures cliniques de chacun d’entre nous mais aussi au sein même de notre collectif, que la phrase de Lacan : « la seule chose dont on puisse être coupable, c’est d’avoir cédé sur le désir » – Séminaire, livre VII : L’éthique de la psychanalyse – a ainsi retenti.
Dette et culpabilité sont intimement nouées chez les criminels, avaient observé Freud et Reik : commettre un crime pour donner raison de sa culpabilité. La culpabilité n’est pas la conséquence du crime mais, paradoxalement, sa cause même. ...