Colloque « Autour de Jacques Le Brun (1931-2020) »

Le colloque se tiendra les jeudi 12 et vendredi 13 octobre 2023 à la Maison des sciences de l’homme – 54, boulevard Raspail – 75006 Paris

et le samedi 14 octobre 2023 à l’EPHE, Sorbonne – 47, rue des Écoles – 75005  Paris.

 

Vous pouvez consulter le programme [ici] et aussi vous inscrire en présence ou par visio (inscriptions gratuites) en écrivant à info@epsf.fr.

 

À l’initiative de l’École Pratique des hautes études et de l’École de psychanalyse Sigmund Freud, avec la coopération de l’École des hautes études en sciences sociales

 

Comment concevoir une rencontre sur l’œuvre de Jacques le Brun, l’auteur et l’œuvre ne pouvant être séparés, comme les deux derniers livres qu’il nous a laissés, Le Christ imaginaire au XVIIe siècle et la chapelle de la rue Blomet nous l’indiquent et nous en indiquent aussi l’exigence ?

Trois grands champs peuvent être distingués, sans pouvoir être cernés par des limites étanches.

D’abord, l’écriture et la littérature du XVIIe siècle français. Elles ont été l’enracinement d’un nombre important de ses travaux, mais l’approche, historienne et philologique, qu’il en a eue déborde les frontières bien connues du « Grand siècle » : d’une part à l’intérieur du « catholicisme moderne», pour reprendre l’intitulé de sa chaire de l’EPHE, dont il a exploré les déchirures internes (entre orthodoxie et hétérodoxie, entre herméneutique et critique historique du texte biblique, etc.), d’autre part parce que Jacques Le Brun a travaillé, aux frontières de ce catholicisme, la géographie de l’Europe moderne dans sa pluralité confessionnelle.

Ensuite, l’histoire, la théorie et la pratique de la psychanalyse. Celle-ci – en particulier dans son rapport au langage (parole et lettre), au désir, au savoir inconscient – a occupé une part considérable de sa réflexion ; et celle-ci concerne aussi le problème de l’institution en général en convoquant dans un même effort de pensée, à partir d’un triple écart, l’Église, l’Université et les institutions psychanalytiques elles-mêmes.

Enfin, le problème, dans le cadre duquel son compagnonnage avec Michel de Certeau fut essentiel, de l’écriture de l’histoire, et de la relation entre le XVIIe siècle comme « objet » et la position de l’historien contemporain dans son rapport à cet objet, avec l’ensemble des notions qu’il a mises en œuvre dans son travail, celle de l’origine, celle de la trace, celle de l’écriture dans son rapport à l’expérience, celle de la négation, comme conditions de possibilité d’une interrogation de ce qu’on appelle la « spiritualité » – toutes notions profondément habitées par son rapport à la psychanalyse. Son attention aux mystiques, figures singulières, séparées des autres, d’elles-mêmes, et de Dieu lui-même, ont certainement été décisives pour une approche « anachronique » et généalogique du XVIIe siècle et leur place est, de ce point de vue, centrale pour toute l’œuvre, dans ces trois domaines.

Comment penser le nouage de ces trois domaines, en ce qu’ils appartiennent tout à la fois à l’œuvre accomplie de Jacques Le Brun et à ce qui reste en attente et en appel, d’une part, pour ce qui concerne les travaux, sur le sujet de la négation en particulier, dont il envisageait un recueil ; d’autre part pour ce qui serait des virtualités comparatives de son propre travail sur l’expérience spirituelle et son écriture, dans les échos féconds qu’ils pourraient avoir dans d’autres espaces et dans d’autres temps ?