Une clinique autre

L’EpSF vous convie le samedi 28 septembre 2024, de 14 h à 18 h à l’IPT, salle 11, à participer et échanger autour d’inventions cliniques institutionnelles dans la continuité du week-end de juin dernier autour de :

La pratique d’ateliers de peinture pour enfants psychotiques ou en situation de grande précarité sociale et scolaire.

Un échange à propos de cette expérience sera proposé par Marie-Odile Paillette et Olivier Hache.

 

Argument de Marie-Odile Paillette :
D L LTTR DNS L PNTR
Je propose d’évoquer une expérience d’atelier peinture avec des enfants psychotiques et autistes, vécue il y a plus de 20 ans dans un hôpital de jour pour enfants.
La construction même du dispositif d’atelier, à l’épreuve de la clinique tortueuse vient tout d’abord ouvrir des questions entre art-thérapie et psychothérapie institutionnelle. Puis c’est avec l’éclairage de la psychanalyse, notamment l’enseignement de Maud Mannoni à l’École expérimentale de Bonneuil, mais aussi en s’inspirant de l’anthropologie, que s’est élaboré un cadre d’atelier avec des rituels et un dispositif structural pour border le Réel.
La clinique qui en découle a amené des découvertes incroyables, telle l’émergence de proto-lettres dans la peinture des enfants, qui pourtant ne savaient ni lire ni écrire. C’est dans un après-coup que je suis partie à la recherche de ce qui origine le graphe – entre trait et image – nous dit l’étymologie. Y-a-t-il des liens entre ces traits des enfants psychotiques et les premiers tracés paléolithiques ? Serait-il insensé d’y déceler un processus primordial de l’advenue des lettres, mais aussi plus précisément de ce qui différencie de façon fondamentale les consonnes des voyelles ? En reste-t-il des traces dans les premiers alphabets ? Et enfin, la structure contenante de l’atelier-caverne a-t-elle contribué à cette naissance des traits d’écriture ?
Me nourrissant entre autres des travaux de Leroi-Gourhan, G. Haag, Derrida et Lacan, je propose d’avancer quelques hypothèses dialectiques dans cette recherche éclairée par la clinique.

Argument d’Olivier Hache :
La peinture : outil de langage, vecteur d’expression ou comment le réel se manifeste au travers de l’imaginaire, en lien avec le symbolique dans le cadre d’un atelier réalisé avec des enfants de 6 à 11 ans.
Jacques Lacan dans Le désir et son interprétation énonçait : « L’œuvre d’art […] introduit dans sa structure même, ce fait de l’avènement de la coupure pour autant que s’y manifeste le réel du sujet, en tant qu’au-delà de ce qu’il dit, il est le sujet de l’inconscient. »
L’art – la peinture tout particulièrement – s’empare des effets des images dans ses créations pour atteindre le spectateur dans son intimité ; la psychanalyse, quant à elle, cherche à les éclairer. Dans les deux cas, l’une allant vers l’autre, et réciproquement, elles se croisent au sein de que l’on pourrait nommer une ouverture et un dialogue avec l’autre.
Dans le cadre d’ateliers de peinture réalisés bénévolement durant 9 ans dans une école primaire de Seine Saint-Denis, je vous propose de faire état de la mise en œuvre de ce lieu collectif d’observation, de parole et de création qui, à l’appui d’outils de la psychanalyse, a permis à des enfants de 6 à 11 ans, issus de cultures très hétérogènes, vivants dans des conditions économiques et sociales parfois extrêmement précaires, de s’autoriser à libérer des émotions et de prendre sans doute davantage, un positionnement subjectif, en se libérant des injonctions pédagogiques académiques.
L’atelier permet aux enfants de manier, croiser, voire tisser des fils d’imaginaire, de symbolique et de réel permettant à la structure borroméenne de tenir et de prendre consistance.
La mise en œuvre et la pérennité de cet atelier témoignent du désir et de l’expérience.