Réunion clinique sur l’identification
Samedi 10 juin 2023, de 14 h 30 à 18 h 30 à l’Institut protestant de théologie (83, boulevard Arago – 75014 Paris).
Quatre interventions sont proposées :
Éric Castagnetti : Retour vers « le signifiant vivant »
L’alliance de mots « signifiant vivant » que l’on trouve à la fin de la séance du 12 février 1964 du séminaire XI, pour qualifier le père, montre l’impossible recouvrement du réel par le symbolique et dès lors l’impossible opération de la première identification de prendre en charge tout du réel de la jouissance. Cette défaillance de structure ne rend-elle pas nécessaire le symptôme pour le sujet ? En reprenant le passage dans lequel cette expression apparaît, je tenterai d’explorer les conséquences de cette impossibilité, ce qu’elle permet d’éclairer concernant des énoncés bien plus tardifs de Lacan tels que « le père est un symptôme ou un sinthome, comme vous voudrez » ou bien « C’est par son Nom-du-Père, identique à ce qu’il appelle la réalité psychique, qui n’est rien d’autre que la réalité religieuse, c’est par cette fonction de rêve que Freud instaure le lien du symbolique, de l’imaginaire et du réel. » Quel est le devenir de « la jouissance opaque d’exclure le sens » du symptôme en fin de cure et dans la passe ?
Roland Meyer : Tentatives d’identifier la jouissance
Voici les quelques idées que je m’efforcerai de présenter en l’état actuel de mes recherches.
L’identification comme surface est contemporaine de la constitution de l’espace pour le devenant sujet.
Ce pourquoi, j’avancerai qu’elle s’adosse à la jouissance du père, de même que l’espace s’organise topologiquement autour de l’identification projective.
Nathalie Michon : L’identification au symptôme: une lecture
Nous reprendrons à notre tour une lecture commentée de cette nouvelle perspective sur ce que constitue la fin d’une cure analytique, et proposerons de l’articuler aux conditions qui président à l’entrée dans une psychanalyse (l’acte psychanalytique y étant inclus).
Charles Nawawi : Un peu de Bourbaki ne nous serait pas de trop
Lacan ne s’est pas intéressé à Bourbaki uniquement pour son formalisme (S) et pour la rigueur de son écriture. Le fonctionnement de ce groupe de mathématiciens dont la production s’éditait sous le nom imaginaire (I) d’une signature collective était pour Lacan un « idéal » vers lequel les psychanalystes se devaient de tendre. Il s’est confronté là à un réel (R) indépassable.
Ce moment de travail s’inscrit dans le prolongement de la journée sur l’identification du 12 décembre 2021 à Lyon dont la plupart des interventions ont fait l’objet d’une publication dans le n°124 des Carnets de l’École. Plusieurs questions importantes pourront être relancées au cours de la réunion de juin.
Parmi celles-ci la question que Lacan lui-même a posée dans le séminaire XXIV, L’insu : « À quoi donc s’identifie-t-on à la fin de l’analyse ? » Car la réponse qu’il apporte à ce moment : « Est-ce que ce ne serait pas s’identifier… au symptôme ? » soulève encore pas mal d’autres questions.
Quel est le statut du symptôme en fin d’analyse ? En quoi ce symptôme se différencie-t-il du symptôme névrotique ? Comment situer l’identification au symptôme par rapport à l’identification primaire au père ? Ou par rapport au franchissement du plan des identifications ? … Et aussi bien, on peut se demander si, dans le groupe ou dans l’institution, l’identification au symptôme n’ouvrirait pas une alternative à « l’identification du moi de chaque individu à une même image idéale dont la personnalité du chef supporte le mirage » ? Dans le séminaire XXII, RSI, Lacan fait remarquer qu’à moins d’être « à enfermer », « les êtres humains s’identifient à un groupe ». « À quel point du groupe s’identifier ? » se demande-t-il ensuite. L’identification au symptôme apporte-t-elle des éléments de réponse à cette question ?