Lecture collective de « L’Étourdit » de Jacques Lacan
Nous entamons la troisième année de la lecture collective de « L’Étourdit », ce texte difficile, sinon impossible à lire dans la solitude, que Lacan écrivit comme contribution au 50e anniversaire de l’hôpital Henri Rousselle, en juillet 1972, soit dans la suite du séminaire Ou pire. Il a été publié en 1973 dans le n° 4 de Scilicet, puis en 2001 dans Autres Écrits. L’Étourdit se situe au joint d’une articulation essentielle de l’enseignement de Lacan, précédé par la mise en mathèmes des quatre discours de « Radiophonie » et précédant le grand chambardement borroméen de Les Non-dupes errent. Mais il fait aussi le point sur les arrêtes de cet enseignement et les révèle, à la veille d’Encore, éclairant du même geste à la fois la question des discours et celle du non-rapport sexuel, non sans réouvrir à leur propos le champ de la topologie des surfaces.
Nous avons avancé la lecture jusqu’à la page 27 de Scilicet 4 (Autres Écrits, p. 471). Nous avons pu réfléchir ensemble sur la répartition, du fait de la castration, des êtres parlants en deux moitiés, non pas comme le pensait Freud par rapport à l’organe réel, mais selon une logique – celle des formules de la sexuation qui inscrivent pour tout parlêtre le choix de l’être sexué. Ces pages formidables, d’une importance majeure, de « L’Étourdit » sont, par leur rigueur, propres à éclairer les débats les plus actuels sur le sexe et le genre. À la différence des hommes qui forment un ensemble fondé sur le un qui ex-siste à la fonction phallique, les femmes – pour autant qu’elles s’inscrivent dans la partie droite du tableau de la sexuation — sont hors univers, rien ne faisant limite de la fonction phallique, leur jouissance est « pas toute » : elle excède la jouissance phallique et les divise. Cette partie de « L’Étourdit » se conclut sur ce qui peut se dire des rapports d’un homme et d’une femme à partir de la logique du « pas tout ».
Les pages suivantes abordent la topologie. Nous nous sommes arrêtés à la monstration, par Lacan, de la transformation d’un tore en une bande de Möbius dédoublée. Déplier ensemble à la fois l’architecture conceptuelle de Lacan et sa syntaxe que la complexité, bien qu’impeccable, peut parfois rendre opaque, est un travail qui ne cesse de remplir d’étonnement ceux qui s’y prêtent.
Dates
- mercredi 06 novembre 2024 à 21:00
- mercredi 04 décembre 2024 à 21:00
- mercredi 05 février 2025 à 21:00
- mercredi 05 mars 2025 à 21:00
- mercredi 02 avril 2025 à 21:00
- mercredi 07 mai 2025 à 21:00
- mercredi 04 juin 2025 à 21:00